Partie 3 – L’avènement de la typographie numérique :
La « révolution numérique » provient de l’apparition conjointe de deux révolutions, l’une théorique sur la possibilité de réaliser n’importe quelle fonctions logiques par une suite séquentielle d’opération binaire (Von Neuman et A. Turing), l’autre technologique avec l’apparition de l’électronique numérique (transistors). Ces découvertes conduiront à la conception des ordinateurs dont l’utilisation va passer par des interfaces de communication utilisant des symboles (alphabétiques et numériques). Le perfectionnement de ses interfaces et des ordinateurs communiquant va progressivement conduire à bouleverser en profondeur la typographie.
Section
Initialement la communication entre machine et utilisateurs s’est faite à travers des imprimantes mécaniques dites « à impact » dont le principe n’est pas loin de la presse de Gutenberg puisqu’une partie métallique mobile appelée « barre à caractère » vient frapper le papier au travers d’un ruban encreur. La synchronisation des mouvements du papier, du ruban et des barres étant commandé par l’ordinateur, on arrivait à des vitesses d’impression de l’ordre de 150 lignes/minutes. Dans la mesure où la police de caractère était déterminée par les caractères gravés sur les barres de l’imprimante, la police était difficile à modifier. Les polices de type courrier ont été les plus utilisées dans ce type d’interface. L’apparition des imprimantes à boules ‘ou marguerite’ a permis de modifier plus aisément les polices, mais c’est les imprimantes à aiguilles qui ouvrent la voie de la traduction numérique des caractères en décomposant chaque symbole en points de tailles minimales. Ce principe de décomposition en « points » élémentaires ou « pixels » va devenir fondamental pour les écrans qui feront leur apparition plus tard et devenir des interfaces incontournables. Avec l’augmentation rapide du nombre de points, la précision et donc la qualité du rendu s’améliore. Bien d’autres révolutions techniques vont suivre. Les écrans, initialement cathodiques, sont basés sur le principe d’un balayage d’un faisceau d’électrons sur un écran luminescent, vont évoluer vers la couleur puis vers les écrans plats avec une résolution (nombre de pixels) de plus en plus importante. Les performances des processeurs couplés à des supports de stockage de masses, vont permettre de travailler sur des documents de plus en plus complexes et longs. Parallèlement, la miniaturisation associée à la réduction des coûts va permettre la diffusion de ces techniques chez les particuliers: c’est l’essor de la micro informatique ou de l’informatique personnelle. Avec ce nouveau marché, les entreprises vont rivaliser pour donner des logiciels et du matériel de plus en plus performant, donnant ainsi aux particuliers mais surtout aux entreprises la possibilité de manipuler du texte et bientôt des images. Les interfaces graphiques sont rapidement exploitées dans des logiciels de traitement de texte, de données et d’images (Photoshop 1.0 en 1990).
L’utilisation des polices de caractères sur ordinateur à nécessité une adaptation des règles typographiques à des contraintes techniques de faible performance. Il a été nécessaire de créer une typographie digitale ‘de novo’ avec des formats et des règles simplifiées mais accessibles à des logiciels informatiques. Aujourd’hui la situation s’inverse : les écrans ont une définition plus importante que l’œil humain, sont capable d’afficher des nuances de couleurs indétectables, et grâce à l’hyper connectivité des réseaux actuels, l’expérience de lecture, mais aussi de création devient dynamique, parallèle et partagée. La communication web en est le parfait exemple.
Les livres numériques
L’avènement de l’informatique et plus encore des communications par réseau (premier réseau ARPANET) va être le support idéal de partage des documents et donc des livres. Le « projet Gutenberg » fut lancé par Michael Hart en 1971 avec une première mise en ligne de la constitution Américaine puis de la Bible.